Recherche

EDC de Alice~51211

Bienvenue sur les EDCs de Dreadcast
Vous trouverez ici tous les articles rédigés par Alice~51211

Cacher

Mangez-moi

(☺)
Les cloisons ne suffisent plus à retenir leur présence, elle irradie et se répand, en moi et partout, sur les canapés rouges et les portes closes. Mes sentiments explosent, démesurés et puissants, sur le carrelage et dans le large hall, s'étendent et s’épandent, gagnent des sommets, et je grandis. Tout est déjà oublié, la haine enfouie, le cœur ouvert, et les mots durs s'éteignent. Mes yeux sur le plafond et mon crâne contre l'accoudoir, la colère au fond d'hier, et le calme aujourd'hui. J'me ferais presque honte, mais j'embrasse la sérénité qui m'atteint, et tant pis pour toute la bile crachée, toutes les peurs embastillées, toutes ces choses et toutes ces insultes, et merde si je suis comme ceux dont j'ai ri plus tôt, ceux dont l'enviais l'existence.

J'aurais moi aussi voulu baiser dans un appartement clos, idyllique, frôler le lustre bien rangé du septentrion et fumer, boire, l'air classe et sexy, bouffer des émotions pleines comme ils bouffent leurs copines ou leurs steaks, en avaler par dizaines, des passions qui t'emmènent et qui te lâchent plus qu’essoufflée et ravie. Flirter avec l'inconnu ou s'ancrer dans des bases solides, se dénicher un équilibre vrai, vivre et s'enflammer, et courir, et chuter pour se relever, tout ça, toutes ces choses, et aimer quelqu'un, tant pis pour tout le reste. Ressentir l'exception, le pic, le paroxysme, tous ces superlatifs, m'éveiller et bondir, euphorie et joie qui m'animent.


Fébrilité, mélancolie se mêlent, attristée de ne pouvoir tout vivre, tout voir, soudain tout avoir, l’ataraxie qui juste vient de naître ne suffit déjà plus. Un déclic diaphane m'a emmené, des âmes dans les pièces voisines, des messages qui s'échangent, un homme charmé et autrui qui me ressemble. Accumulation d'insignifiance à l'issue salvatrice et puissante, je n'm'attarde pas sur ces sentiments qui fluctuent trop fort et m'imprègne de l'envie d'être heureuse. Ceux que j'abhorrais se métamorphosent et deviennent modèles et parangons de vie imparfaite et belle, parangons d'existence, ils m'apprennent, m'ouvrent la voie. Balbutiante, comme mutilée par une ancienne blessure éternellement ouverte, je m'efforce d'aller vers l'avant sans prendre garde aux embûches d'après, quand tous ces amis mourront, retourneront leur casaque.


Les couloirs à nouveau foulés et ma vie à nouveau emplie, une brochette monochrome d'ingénus qui s'efforce de peupler l'appartement de mon passé erre entre mes murs et les colore derechef. Leur vie gorge chaque espace et chaque recoin, le logis se fait allégorie de ma propre vie qui à son tour s'élève. Toutes ces conneries de poésie me libèrent, même si c'est ridicule, risible, même si rien ne s'est réellement passé et que tout ça est insignifiant, même si je m'affole au moindre détail et je m'entoure d'émotions extrêmes à tout instant. J'me répète et j'm'engouffre dans la première brèche, première étincelle dans le monde gris du smog qui embrase l'herbe sèche de cette sortie de cuve humide de larmes, et je m'y accroche, putain, je m'y accroche, parce qu'elle est fragile, que je suis fragile, que mon monde entier peut choir et se briser et s'étendre au sol avec fracas en un instant, j'm'y accroche.

"Elle aperçut alors une petite boîte en verre qui était sous la table, l’ouvrit et y trouva un tout petit gâteau sur lequel les mots « MANGEZ-MOI » étaient admirablement tracés avec des raisins de Corinthe."

Informations sur l'article

La Marmoréenne
21 Février 2016
1468√  18 11

Partager l'article

Dans la même categorie

◊ Commentaires