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Le Puzzle Gémissant

Le 6/279.3

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Allongé sur le dos, fixant le plafond, immobile, le cyborg cherchait le sommeil. Une tâche a part entière, malgré la présence pelotonnée, enchevêtrée a la sienne, au sein d'un écrin protecteur de chair et de métal.
Malgré aussi, l'épuisement aussi, de jouer d'autres écrins, ou d'en créer, dégorgeant eux de fluides pourpres, avec le plus d'efficacité possible, en entraînements de groupe.

Mais l'organisme n'entend pas de cette oreille, ressassant ce qui est propre à refuser le sommeil effleurant du doigt des souvenirs propres à éveiller des réactions adrénales, surrénales, lacrymales, voire stomacales.
La fureur, la tristesse, la honte, trois Compagnons, trois Moires, trois Juges, qui jouent un air aussi lointain, aussi omniprésent, qu'il y est fermé.
Souffrir à voix haute n'a jamais profité à l'Humanité.

Il ferme lentement l'œil pour cloisonner son regard pourpre, n'en devenant que plus sensible aux sons lointains de la mégapole.
Il imagine un tableau apaisant, presque autant que le souffle lent et les battements de cœur qui s'écrasent en un rythme apaisé sur son poitrail.
Pas un tableau non...
Un Puzzle.

Un immense puzzle plus propice a donné le vertige que fixer la cime des Murs depuis leurs racines, ou le fond de la gueule du cratère sud.
Ce puzzle, il faut l'imaginer constitué d'innombrables pièces... De tailles variables, parfois minuscules, parfois immenses, surtout alors qu'on se rapproche du centre.
D'immenses mains, tellement méconnaissables qu'on ne saurait statuer leur génotype, émergent d'un smog aussi ténébreux et menaçant que le gargantuesque de la pièce. S'il épargne la vision du puzzle, il est en tout cas impossible à percer plus loin que ses bordures ou sa hauteur, une demi-sphère aussi parfaite qu'elle est l'unique chose entièrement dépourvue de défauts, entièrement lisse, ici-bas.

Car les pièces sont absolument toutes de formes diverses, souvent déformées comme seule le plus atteint, le plus autiste des vautours ou des trolls pourrait en être l'artisan donnant forme à la folie elle-même pièce après pièce s'imposant dans le monde réel, physique, progéniture impie du subconscient le plus névrosé.
Comme une gangrène de l'âme qui suinterait ses humeurs pour prendre forme dans la vérité des choses... Créées, établies.
Est-ce sous la même impulsion, que certaines pièces au contraire sont quasiment totalement carrées, triangulaires, essayant de s'imposer par la droiture de leurs côtés autant que par le tranchant de leurs arêtes ? Bien que pourtant, parfois, ce qui les raccroche aux autres pièces, ces petits ou gros bouts s'emboîtant dans les autres, n'en sont pas moins conceptualisées dans les mêmes aberrations cérébrales et orgiaques.

Ces amarres n'ont dans bien des cas aucune proportion commune avec celles des pièces auxquelles elles appartiennent, et les immenses mains les délogent où les placent avec aisance ou difficulté, s'écorchant, s'effeuillant la chitine des ongles ou de la kératine plus souple de l'épiderme, parfois jusqu'au sang. Des déchets organiques que les pièces boivent avec la même gourmandise, crépitante aussi sous la réaction endothermique, que des étincelles de métal en fusion sont absorbés par une flaque de sang. Ou au contraire, elles sont rejetées avec la même virulence qu'un corps agressé, paniqué dans une ruelle sombre ou dans les canaux anatomiques, par la tentative d'intrusion d'un corps étranger, virulent. Rejetant des fluides dans une tentative de protection parfois bien vaine, pour se faner à peine moins vite.

Mais ce puzzle tout entier gémit de ces réactions, tantôt envieuses tantôt récriminantes entre les pièces. Gémis aussi de ces immenses mains qui, quelque que soient la taille et la forme des pièces et de ses attaches, les tirent ou les posent, allant parfois jusqu'à marteler avec une fermeté tantôt avec confiance, tantôt en gestes désespérées. Ce gémissement en fait... C'est avant tout une cacophonie.
Prend gardes à la manière dont tu poses ta pièce, à peine forgée, encore rougeoyante et molle, s'enfonçant et s'adaptant avec moins de peine et cimentant des attaches qu'on peut agrémenter là encore du marteau et tremper dans la sueur, les larmes, ou le sang, car d'autres pièces peuvent s'y ajouter tout aussi aisément. Et si au contraire tu forges a froid, attend toi à ce que pression suffisante faisant, elle casse.
Certaines mains se pressent, plus ou moins frénétiquement, d'autres prennent leur temps, calmement, tâtonnant avec soin du bout des doigts quand certains appuient de la main tout entière, rapidement, pour tasser la place prise et revendiquée.

Revendiquée... Car oui, évidemment, les pièces sont frappées de blasons, de symboles, d'appartenances, de noms, parfois écrits en toutes petites lettres.
De blasons qui diffèrent souvent d'un côté ou de l'autre du puzzle, reliés par une partie plus fine mais pas moins large, plus qu'on ne le pense, tout comme le nombre de marques différentes sur les pièces.
Plus fascinant encore, c'est que les pièces une fois retournées, souvent arrachées, s'ils comportent parfois le même symbole comme un testament, une signature en pur accord avec la création, elles ont sinon, souvent un symbole différent. Parfois complémentaire, définition et précision quant au caractère et la personnalité du créateur, tout autant que quand le symbole est totalement contraire, trahissant inconsciemment son auteur si ce n'est qu'une aura en filigrane dans la plupart des cas, ou bien plus preuve de culpabilité quand il est d'autant plus marqué que l'appartenance normalement affichée sur le côté face.

En réalité, plus en détail, rien n'est jamais totalement comme on le pense, parfois les pièces sont recouvertes elles aussi de ténèbres, ou d'une chape de plomb toxique, qu'il faut respectivement éclairer ou lever, sans parfois se douter de l'épaisseur quand on mésestime la longévité des piles de sa torche ou la force de son bras et de sa langue. Parfois plus insidieusement, c'est simplement une couche de vernis qu'il faut oser gratter.
Tout cela qui masque, surtout, les bordures des pièces, créant un flou, créant des zones d'inconnu qu'il faut tâtonner du regard pour, plus on est exercé, les placer mentalement et par déduction en reproduisant des schémas de points d'attaches, de liaisons et de cohabitions.

Le cyborg ne peut réprimer un léger soupir en repensant à cet exercice particulier, pour se forcer à reprendre sa concentration, à reprendre la vision du puzzle qui c'était fait vague et lointaine, pour revenir dans ce flou tressautant, ce mirage donnant l'illusion que tout est à sa place plus il est marqué, pour se dissiper avec l'âge surtout.
Le flou, c'était surtout un flou de couleurs, marques plus personnelles que les blasons et les symboles, et même les signatures.
Aucunes couleur, tout comme les formes et les tailles, n'est identique, parfois fluo, parfois sobre, parfois claire ou foncée, empreintes de chaleur ou de froid, mais en tout cas jamais clairement et totalement une couleur particulière, mais toujours un nuancier. Une palette de peintre informatique, dont la répartition plus encore que formes et tailles donnent l'illusion du hasard, bien au-delà d'une suprême folie même imaginée. Des couleurs qui tâchent les mains plus ou moins, certaines en semblant appartenir du coup à des individus ayant trop tôt quittés la maturation quand bien même leurs mains sont ridées et posent ou arrachent depuis des éons.
Parfois certaines pièces disparaissent, voir des mains, et on lui en parle avec joie, mais ça fait longtemps qu'il regarde les mouvements sans la moindre émotion.

Plus il recule, s'élève, plus tout ce mélange et pourtant garde une constante, un tempo, un semblant de règles universelles et naturelles imposant une égalité sur l'influence des mains sur la réalité physique.
Autant que l'ensemble prend une forme monstrueuse de loin, impossible à comparer avec quoi que ce soit, sauf peut-être une créature tentaculaire dont les bordures sont sournoisement, stratégiquement occupées par des mains préférant l'éloignement, ou la préparation quand elles relieront un ensemble entier de pièces au reste du puzzle.
La couleur aussi, vire à un gris... Malade, un gris indéfinissable, totalement dépourvu d'inclinations, un gris immobile sans chaleur ni froid, stagnant dans sa propre médiocrité.

Dégoûtée par toute cette avidité qu'il lit dans les pièces et les gestes, la conscience continue de s'élever pour chercher un autre horizon, ou plutôt son manque, loin dans le ciel, au-delà de celui-çi, dans un immense, apaisant, total Vide, plus noir qu'un abîme.
Où étincelle pourtant une minuscule étoile, qui attire son attention tout comme sa présence.
Le vaisseau. Qu'il imagine, qu'il pense, qu'il voit avec une netteté n'appartenant qu'au rêve éveillé, que ses parois et ses hublots n'arrêtent pas plus.
Pour à bord, y croiser un visage barbu au regard intense fixé par-delà une des épaisseurs de plexiglas, remarquant à peine la silhouette féminine... Trop absorbé, englouti par ce qu'il lit sur les traits...
... Une douleur incroyable transperce même physiquement la conscience. Une honte, une impuissance immense qui contracte le corps avec autant de force qu'il le paralyse, se matérialisant principalement au creux du ventre.

Il a chaud en retombant dans l'atmosphère aussi vite que la pensée, pourtant son corps semble parcouru de torrents glacés, ceux de sueurs froides quand il reprend pied en lui... Inspirant en s'étouffant à moitié, déglutissant d'une gorge sèche en même temps qu'il ouvre aussi l'œil.
Le cyborg se calme rapidement, le corps chaud contre le sien qu'il étreint à peine un peu plus fort de son métal l'y enjoignant sans pour autant sortir du sommeil... Qui aura duré 3 cycles pour celui de l'hybride lorsque son attention tombe sur l'horloge numérique de son HUD.

Et c'est avec un long soupir qu'il se force de nouveau a fermer l'œil...


Puzzle...

Tailles, formes, amarres, pose, frappes, couvertures, couleurs...

...Mélange

Dreadcast
...



Spoiler (Afficher)
Aucun troll ni vautour n'as été lobotomisé ni blessé durant l'écriture de cet EDC.
Simplement les pensées du personnages, en un EDC moins soigné, moins fignolé que d'habitude écrit sur le moment, alors si vous en avez pas entendu parler !...

Informations sur l'article

Impérialisme et Loyalisme
20 Mai 2017
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