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De la servitude volontaire.

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Une petite pause dans la publication des analyses du piaf des systèmes politiques. Encore un pavé néanmoins. Bonne lecture. C'est une copie conforme du texte publié ici sur la matrice politique rebelle. Ce qui est lu ici est parfaitement RP.
De la servitude volontaire

Les terminaux d'entreprise
"Les individus se comportent toujours comme les contraintes dans lesquelles ils sont plongés les conduisent à se comporter."
Comme le démontrent les nombreux témoignages à Rebzistance nous ne nous définissons pas tous rebelles de la même manière. Néanmoins des mots reviennent presque chez tous : "lutte contre l'oppression", "libertés individuelles", "liberté de pensée" ou encore "refus d'un dogme". Un net rejet des contraintes qui conditionnent et briment la liberté. En théorie du moins. Car si l'on note un rejet violent de certaines contraintes comme les lois on peut voir que l'on s'accommode très bien d'autres comme les codes du salariat ou les liens familiaux. Pourquoi deux poids deux mesures pour des contraintes qui impactent les unes comme les autres drastiquement nos vies et les conditionnent et donc brident toutes les libertés que pourtant chacun nous semblons chérir ?
"Ma liberté c'est choisir mes chaînes". Mais sont elles réellement consenties librement ? "Il y a des contraintes inévitables car naturelles". Vraiment ? A mon sens c'est une grande réussite de l'Imperium que d'arriver à nous faire accepter des contraintes et donc des privations de libertés mais aussi et surtout des conditionnements majeurs de notre pensée sans même que l'on ne suspecte son influence pourtant déterminante. Il conditionne à la fois ce qui est inacceptable pour nous, ça nous le savons, mais aussi (et c'est plus difficile de le concevoir et l'accepter) ce que l'on n'aurait même pas idée de remettre en cause. Je vais essayer de démontrer non seulement l'implication de l'Imperium dans ce processus mais aussi via un exemple que ces contraintes que nous acceptons modèlent beaucoup plus fortement nos vies à tous (et sans avantages réels) que ne le ferait un codex ou de la propagande. En bref : nous rejetons les contraintes que l'Imperium nous donne volontiers à voir mais cela masque toutes les contraintes beaucoup plus sournoises qui sont en réalité le socle de ce système et que nous manquons de remettre en cause.

L'Imperium est déterminant dans ce que l'on remet en cause.
Vu du SR le SI est souvent résumé à : des textes de lois coercitifs, des privilèges, la domination d'une élite et le mensonge. Ces quatre points trouvent des réponses immédiates et avec des places prédominantes dans la vie politique du SR où les lois sont globalement rejetées, où les abus de pouvoir des institutions sont décriés et où l'on attend de ces institutions de la transparence. L'Imperium impacte énormément l'organisation politique du SR. Nous nous définissons en creux par rapport à eux. Ce qu'ils sont nous ne voulons pas l'être. Alors que justement notre opposition au SI nous fait espérer une liberté de pensée et un refus des dogmes elle nous enferme immédiatement dans des schémas de pensée et d'autres dogmes, en réaction. L'Imperium a donc cette force de pouvoir influencer les modes d'expression et d'organisation des mouvements protestataires comme le notre.

L'Imperium est déterminant dans ce que l'on ne remet pas en cause.
Sa perfidie ultime est que focalisant notre attention sur ses aspects saillants (via sa propagande, ses symboles, notre combat, etc) il rend toutes ses autres influences beaucoup plus discrètes et sournoises. Et pourtant elles ont un impact considérable sur absolument tous les aspects de notre vie. Ceci est accentué habilement car l'Imperium a su nous faire croire qu'il repose essentiellement sur le respect d'un dogme, d'une hiérarchie, d'une icône et de valeurs. L'emprise de L'imperium sur la population, sur les libertés et (pire !) sur les manières de réfléchir et d'appréhender le monde passe aussi (et peut être même en premier lieu comme conditionnement nécessaire à l'acceptation du reste) par les habitudes, les infrastructures et les outils qu'il a mis en place et autour desquels quasiment tout se construit(en SI comme en SR). Ces habitudes et infrastructures posent des contraintes fortes (et arbitraires) et donc canalisent et guident nos comportements. Il y a nécessité de prendre conscience qu'il faut porter notre réflexion sur les entraves à nos libertés faites par ces petites choses en apparence anodines et naturelles et que les conditionnements et injustices qu'elles créent sont d'une ampleur équivalente à celle des lois, privilèges et mensonges de l'Imperium. Les outils et infrastructures ne sont pas neutres, ils ne sont pas uniquement ce que l'on en fait, ce n'est pas un hasard si l'Imperium les a conçus, institutionnalisés et s'est construit autour. Ils rendent par exemple naturel et indéboulonnable le principe de hiérarchie (un père/une mère et des enfants ou hiérarchie codée dans tous les terminaux que nous utilisons). Ainsi l'Imperium provoque à son profit une confusion entre ce qui est naturel ou inévitable et ce qui est idéologique tout en portant notre attention sur d'autres éléments pour s'assurer que ces contraintes fondamentales ne soient guère touchées. Des lois pourraient être abrogées ou des privilèges, l'ambassade pourrait ne plus exister et l'Imperium disparaître que nos cerveaux resteraient grâce à ce conditionnement insidieux un terreau fertile pour toutes les idées sous-jacentes nécessaires à de tels modèles d'organisation.
Exemple détaillé : les terminaux d'entreprise.
Les boutiques sont un passage obligé pour se procurer équipements et nourriture. Les terminaux des usines sont codés pour forcer le passage par les boutiques. Si les usines pouvaient vendre en direct à la population tout notre modèle d'organisation économique serait bouleversé. Sans cette contrainte il n'y aurait plus besoin de boutiques donc beaucoup de gens n'auraient plus de postes dans celles ci et les rapports d'autorité patron / employé auraient quasiment disparus de notre société. Ça tient à pas grand chose. Et c'est là l'habilité de l'Imperium : plutôt qu'avoir une loi disant 'les usines n'ont pas le droit de vendre aux particuliers mais doivent vendre aux boutiques' la contrainte est codée directement dans les terminaux. Ainsi rébellion ou pas, loi qui saute ou pas, si tu veux bouffer tu te plies à cette contrainte et à toutes les logiques et effets que ça a sur ta société. Cette société ne deviendra donc jamais radicalement incompatible avec l'Imperium et ses valeurs. Un premier exemple frappant et indéniable.
Nous allons discuter d'une autre série de contraintes. Trois particularités communes des terminaux d'entreprises :
1. salaire automatique qui tombe à minuit mais uniquement si on est toujours employé à ce moment là
2. on ne peut être que dans une seule entreprise à la fois
3. il y a un et unique DG et des subordonnés
Il y a évidemment des outils spécifiques supplémentaires à certains types d'entreprises ou ORs/OIs. Mais avec seulement ces éléments la démonstration est déjà vertigineuse. Trois petites règles à la con qu'un technicien impérial a ajouté au code des terminaux d'entreprises conditionnent notre vie à tous, nos politiques, nos mentalités et nos rapports aux autres bien plus que ne le ferait un codex de 50 pages.
On l'a vu, difficile de se passer des boutiques. Besoin alors d'avoir des gens soumis aux terminaux d'entreprise : les DGs. Déjà ça leur interdit d'avoir un poste en OR et donc accès à certains outils. Ce sont les seuls postes obligatoires pour qu'une boutique existe et puisse obtenir du stock auprès des usines. Les seuls. Maintenant, qu'attendons nous d'une boutique ? Un stock fourni, l'accès à ce stock (boutique ouverte) et des tarifs corrects. Il est d'usage de payer des employés à ouvrir la vitrine et faire des heures chaque jour. Cela a un coût évidemment et augmente le prix de vente. Cela a un impact évident sur la liberté de ces employés à disposer de leur temps comme ils l'entendent mais aussi sur leur liberté d'expression, d'actes, etc puisque dépendent d'un employeur. Pourtant ce rapport de domination et ces contraintes sont acceptées largement. Elle ne sont ni choisies vraiment délibérément, elles ne sont pas non plus inévitables. Elles sont justes induites par le fonctionnement de terminaux et les habitudes créées.
Parce que malgré ces mêmes contraintes nous pourrions opter pour un système totalement différent qui changerait radicalement notre organisation et qui aurait des avantages imparables par rapport à celui ci au niveau de nos libertés, de l'adéquation à nos valeurs et très concrètement des gains de temps, des tensions en moins, un accès plus aisé aux marchandises et des économies d'argent pour tous. Il faut se rendre compte que cet usage actuel conditionne toute notre société bien plus que ne le ferait un codex impérial ou une force de police à chaque coin de rue et que c'est un conditionnement orchestré par l'Imperium via ses outils.
La preuve. D'abord, concernant l'accès au stock il faut se rendre compte que n'importe qui peut ouvrir la vitrine si il a besoin de faire un achat. Deux conditions : le DG a créé un poste de libre service et on est employé nulle part. On entre dans la boutique fermée, on prend le poste, on s'ouvre la boutique, on démissionne et voilà. Deux minutes de notre temps et un stock accessible 100% du temps. C'est bien con au final de payer des gens pour ça et les forcer à rester des heures à faire le planton alors que tout le monde peut ouvrir ! En plus ça baisserait la facture des produits. Alors évidemment ça suppose de pas être employé ailleurs. Mais récapitulons, sur 200 personnes liées à un terminal d'entreprise (ou d'OR) dans le secteur pour combien c'était nécessaire ? Pour tout ceux qui bossent pour ouvrir des boutiques on vient de le voir ça ne vaut pas le coup. Ceux employés pour gérer un stock : ça vous occupe une fois l'an et encore quand le DG ne s'en charge pas. Vous pourriez être employé ponctuellement donc, pas besoin d'avoir un poste en permanence. En OR ? Des accès à des outils spécifiques ou juste pour la facilité d'une paye automatique ? La plupart dans le second cas donc dispensable. Reste le cas du DG ou le LR ou du gars qui a une bonne raison d'avoir un poste en OR (accès à des outils les menottes du Frelon). Ceux là ne peuvent pas quitter leur poste pour ouvrir une boutique. Mais si DGs et LRs n’enchaînaient pas la quasi totalité du reste de la population à des postes soit inutiles soit pour la simple commodité d'un salaire automatique alors tous pourraient leur ouvrir une vitrine à n'importe quel moment.
Cet essai s'intitule 'De la servitude volontaire'. Mon axe initial était de pointer du doigt l'absurdité de chacun d'entre nous qui prenons des postes dans des entreprises ou ORs sans nécessité avec tout ce que ça entraîne de négatif pour tout le monde. Finalement on voit que les employés n'ont pas tellement le choix. La faute pourrait revenir donc aux DGs et LRs. Mais quel choix ont ils eux même ? Celui aujourd'hui qui créait une boutique ne peut se contenter de laisser juste un poste en libre service car tout le reste du secteur étant contraint par l'appartenance à des terminaux ne pourraient l'utiliser, il est alors obligé de perpétuer le cercle vicieux en employant des gens pour ça. Au final on voit bien que ces terminaux ont créé à une époque des conditions qui nous pèsent désormais et réduisent drastiquement nos choix. Cette servitude n'est pas volontaire surtout qu'elle n'est pas forcément consciente et instruite des mécanismes qui y amène et de la possibilité de les contourner au profit de tous. Ni de comment cela a été orchestré par l'Imperium pour contrôler sa société. Mais maintenant nous voici conscients et instruits de ceci. Qu'allons nous faire rebelles ?

◊ Commentaires

  • Djino~31724 (155☆) Le 21 Avril 2016
    Excellent!
  • Odul (672☆) Le 22 Avril 2016
    Merci smiley
  • Janus~51367 (90☆) Le 22 Avril 2016
    Mais que peuvent-ils bien faire d'ailleurs, nos chers rebelles ? Car non content de se définir en creux par rapport à leur fratrie aliénée à l'Impérium, ils proviennent en plus littéralement du même moule. Si l'on pousse le très pertinent propos de ton texte en l'abordant sous un angle clinique et psychanalytique, on peut dessiner les contours d'une absurdité encore plus profonde.

    Sans pères ni mères, tous nés dans un corps adulte, mais tous condamnés à rester d'éternels enfants (alors même qu'on nous en dénie l'existence, le concept !) qui ne peuvent avoir de futur, puisqu'ils n'ont pas de passé. Comment attendre d'eux qu'ils aient des motivations, fondées sur quoi ? Et si ces motivations sont "programmées" en cuve comment, par exemple, reprocher aux criminels d'être criminels, étant donné qu'on c'est ainsi qu'on (l'empereur, tout ça) les a voulu ?

    C'est même étonnant qu'il y ait pu y avoir des rebelles, puisque rien ne soutient que l'on puisse avoir la moindre aspiration ou notion de liberté quand on vit dans un environnement confiné sans pouvoir apercevoir ce qui se trouve au-delà (même pas le ciel.) On peut tout autant s'étonner que le mot "liberté" puisse encore exister et n'ait pas été simplement effacé des esprits.
  • Odul (672☆) Le 22 Avril 2016
    Le piaf a des tas de théories là dessus, sur le pourquoi une rébellion existe à DC, etc. Il est bien conscient aussi de tous les non sens et absurdités de la rébellion que tu évoques et que ça va jusqu'au la source même de leur existence. D'ailleurs il avait à une époque était au QG avec un programme contre la cité elle même de manière globale et en particuliers les IAs comme symboles de celle ci. Je vais pas m'étendre là dessus ici mais voilà finalement il voit plus petit, une bataille à la fois. Et les premières pour les rebelles doivent déjà se livrer contre eux même individuellement.
  • Janus~51367 (90☆) Le 22 Avril 2016
    Ah mais je m'appuyais simplement sur la rébellion à titre d'exemple smiley

    Dans la mesure où j'ai du mal à voir comment les nouveaux nés de DC pourraient verbaliser, limite conceptualiser un "je" "veux" "être", ça relève déjà du miracle de pouvoir énoncer/entendre un "Je veux être barman". Je ne dis pas seulement que la rébellion n'aurait pas pu se constituer d'elle-même, mais que l'ensemble même de cette société aurait dû se désintégrer en une demi-génération de clones.
  • EveR~4918 (1732☆) Le 22 Avril 2016
    ♥ - Sans passé... pas d'à venir... exact.
    Sauf qu'il y bien eu des brides d'Histoire (fumeuses vous avez dit ? smiley )dispersées ici et là. Et la Rébellion est, à mon sens, plus une dissidence à vrai dire. Un ghetto crée pour fuir une dictature, voire tenter de fuir un microcosme où les IAs jouent les apprentis sorciers et chefs de Labo et où finalement, nous en sommes tous, impériaux compris, les "rats".