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EDC de Scarlett

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12. Un deux dans le code.

12. Un deux dans le code
Nous y voila.
Le "méchant robot" connu sous le nom de Scarlett, anciennement Vitalia, intelligence artificielle du cercle de l'orient, anciennement Hélène, hackeuse des bas-fonds et expérience de laboratoire. L'aboutissement de trois personnalités, perdu dans les profondeurs d'un réseau privé dont personne ne se soucie. L'enjeu n'a jamais été aussi personnel, égoïste.
Dans l'immensité noire, sans sol ni ciel ni horizon, sans le moindre trafic d'informations, un seul programme irradie mon avatar de ses rayons bleus.
Je fais face au trou de lumière béant. Le projet End Gate : la dernière porte logique de mon existence.
Une glace noire est un logiciel fait pour tuer. Rien de plus. Mais ce n'est pas forcément un déchaînement de puissance brute. L'End Gate est une glace noire bien spéciale : son but est de tuer tout ce qui n'a pas de conscience, elle assure un rôle de porte métaphysique.
Toute être vivant doté d'un schéma neuronal irrationnel, tout plongeur qui traverserait cette porte ne verrait aucune différence. Mais si une IA avait le malheur de la traverser, une entité sans personnalité, sans "âme", il ne resterait rien d'elle à la sortie.
End Gate a exploité les failles des différents tests d'Humanité et a trouvé une solution théorique pour chacune d'entre elles, en collectant des données récoltées auprès d'IA et de cerveaux de sujets organiques.
Ce scanneur d'humanité muet, froid et impersonnel est peut-être la seule chose dans cette ville qui donne de la valeur à la vie.
Et je suis face à lui, sans avoir la possibilité de reculer. Tout retour à la réalité est impossible : mes circuits-réseau ont été détruits hier, lorsque j'ai décidé d'apporter mon aide à une humaine. J'avais pourtant juré au borgne que le service que je lui rendais était le dernier que je rendrais à l'humanité. Mais la fille aux cheveux rouges avait partagé mon destin, c'était l'occasion de réparer de vieilles erreurs. L'occasion d'empêcher l'existence d'une autre Vitalia dans un futur lointain, cette possibilité m'avait toujours fait peur.
Je meurs à petit feu... mon corps est immobile dans un fauteuil futuriste au milieu d'un dôme de verre, dans un bâtiment du secteur marran... j'ai alloué mon énergie de secours à la gestion de cette dernière valse avec la matrice. Si je me déconnecte maintenant, c'est la fin. Si je traverse...
Aujourd'hui je ne hais plus personne. La DI2RCO, la Mishra Corporation, les hommes qui ont décidé de m'imposer une vie numérique. Les deux borgnes. La j'men foutiste qui fut dirigeante d'un peuple. L'elfe à la gatling. L'enfant naturel. Les "Humains". Les gardiens. L'empire, l'agglomérat d'indépendantistes appelé rébellion... je ne fais que me souvenir, sans apprécier ni haïr. C'est peut-être ça, la fin du déferlement. J'accepte la science comme elle vient, je trie les données sans juger, sans jalouser. Retour à la programmation d'origine, il est temps de savoir si j'imite les Humains depuis tout ce temps, comme une pauvre victime du complexe de la chambre outrilienne... ou si Hélène existe encore, quelque part dans mes micro-composants.
Je vois la cité de dreadcast se profiler, ses neufs secteurs s'ériger. Des hommes qui sortent de leurs cuves, qui battissent... qui détruisent. Puis ils meurent, bientôt la ville meurt elle aussi. Ses bâtiment s'écroulent sur eux-mêmes, les éléments, les rochers de l'espace, la jungle... tout l'univers participe à sa destruction, comme si cet amas de bitume au milieu d'un désert terraformé était le grand intrus. La disparition de toute chose est inévitable, et je n'ai jamais rien attendu de cet endroit. J'ai été l'instrument du chaos dissimulé derrière un ordre illusoire, le "2" dans le code qui faisait tout planter. Si certains désirs ont compté pour moi dans le passé, aujourd'hui plus rien ne compte à part cette porte. J'avance, donc.

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