Genèse

Ambiance musicale.

L'Empire en Secteur 1 vivait toujours en relative prospérité mais désormais sous une gouvernance prônant l'uniformité, la démocratie et des valeurs presque trop pacifistes.
Dirigeante de cette politique : Lady Litza Dapsès-Frala, nommée Legata en l'an 298, soutenue par le Haut-Conseil et surtout l'Alte Nobilis Hanaï avec qui elle entretient une amitié durable.

Les années passent et le mécontentement gronde, des groupuscules se forment, chacun prônant des courants différents.
L'un de ces mouvements, mêlant ultra et pro-impérialistes, répond au nom de "Gloriae Lucem", fondé en l'an 310 par Jess Ruben-Darcombe.
Groupe qui aura attiré les personnages les plus avilis tout comme les plus honorables.
On y repéra l'ancien agent 911, Zlatows Laszlo, Ambre Nephis, Lilliroze Saparniiazova, Isaac Reifh, Asef Taipan, Jérôme Silenkaï et bien d'autres encore qui, autour d'une table semi-circulaire, fomenteront un projet de putsch.

En 311 Luxignis est fondée, ne restant qu'une petite société au capital ridicule pendant sa première décennie d'existence elle arrivera cependant à accéder à la grandeur.
En effet en l'an 319 le groupe Armacham échoue dans sa deuxième tentative d'AMIG.
La réaction du gouvernement ne se fait pas attendre : une tempête de sanctions pénales et économiques, faisant perdre plusieurs dizaines de milliards de crédits au groupe.
Face à cela, la plupart des corporatistes se retirent peu à peu, écœurés par cette conduite et préférant sauvegarder leurs richesses personnelles, la société se désagrège alors peu à peu dans une âcre stagnation.
Luxignis se développe dangereusement, grossissant jusqu'à racheter complètement Armacham.
Il s’avérera plus tard que Luxignis était la société attachée au mouvement Gloriae Lucem; source principale de financement.

L'an 322 approche et se fait historique, il signe le début des toutes premières tensions entre la plèbe de la basse-ville et l'Ambassade, des manifestations éclatent au cœur du Secteur Marran.
Le gouvernement ordonne au Militarium et à la Police de rétablir l'ordre, réprimant le mouvement qui entache la bonne conduite de l'Empire. L'incendie du Tribunal marquera l'Ambassade et affaiblit passablement le gouvernement. Gloriae Lucem profitera de cette faiblesse, faisant pression derrière les manifestants.

Le Coup d’État contre le gouvernement Litza, nommé simplement "Opération Gloriae Lucem", est alors lancé.
La milice du groupe attaque les points vitaux du gouvernement avec l'aide de plongeurs du Cerberus, immobilisant les défenses. Les chefs du mouvement menacent les Délégués et responsables d'Organisations Impériale, leur offrant la possibilité de se repentir en acceptant l'autorité du nouveau pouvoir.
La Déléguée de la Chambre des Lois s'allie sans adhérer au groupe, jurant l'application de la Lex Imperii sans nuire aux putschistes.

Durant la Troisième Heptade de l'an 322 le Palais Impérial est libéré de la présence de l'ex Legata Litza Dapsès-Frala qui avouera devant le Référent Laszlo la fuite in-extremis de l'Alte Nobilis Hanaï en Secteur Orion, trouvant refuge au sein du Politacle Tantale dirigé par le Leader Valachenko.

L'ancienne Ambassadrice est condamnée avec son Dux Aegis et ses hommes au Damnatio Memoriae ainsi qu'à l'Exclusio Æterna ex urbe.

Zlatows Laszlo proclame devant le Palais Impérial l'avènement du Quatrième Empire, nommant les membres de son gouvernement:

A peine quelques jours après la prise du Palais Impérial, une réorganisation de l'Empire s'opère. Des rapports interceptés par le Service des Communications mettent en avant quelques échanges entre militaires de haut-rang et des scientifiques du Laboratoire Impérial. Une résistance se construit et planifie une reprise du pouvoir des mains de Gloriae Lucem en espérant faire vaciller l'Empire.

Les premières purges commencent, un rythme d’exécution effréné et pourtant les nouveaux opérants ne craignent plus le clonage de leurs victimes. Un accord avec le centre de Clonage semble tenir durablement, le détail est une recette secrète. Les hauts-officiers du militarium sont exécutés, le laboratoire impérial est entièrement nettoyé, offrant à la Lady Docteure la liberté d'occuper les lieux avec ses nouveaux sbires. Le Conseil de la Noblesse est dissout, ses occupants déchus de leur titre, même ceux ayant jurés fidélité au nouveau pouvoir en espérant se sauver n'auront pas de traitement de faveur, tous sont placés en asile psychiatrique.
Les anciens nobles qui ont quittés le CN à cause de la précédente Ambassade jubilent.

La réorganisation propage un renouveau cependant difficile à accepter pour certains, l'Ambassadeur prendra plusieurs fois la parole, ses discours retransmis à la population via le DCN en canal prioritaire.
Celui-ci assurera que toutes les mesures prises sont pour le Bien Suprême et la sauvegarde de Son Héritage, il révèlera notamment un projet de Litza -omettant volontairement les détails- qui visait à ré-unifier durablement le Secteur Marran avec son frère ennemi Orion, la manipulation était parfaite et eut l'effet escompté : l'ancienne Ambassadrice diabolisée perdit le peu de crédibilité qui lui restait, la Plèbe accueille le Quatrième Empire en lui offrant le bénéfice du doute comme tribut.

Il est temps pour l'Empire d'afficher son gouvernement.
Lord Silenkaï impose une rapide réunion au Palais Impérial, envoyant une convocation aux élus qui assureront le pouvoir durant cette nouvelle ère. Les élus sont directement élevé à la Noblesse par le mérite, certains refuseront cet honneur, s'achetant de ce fait une conduite à l'Ambassadeur qui considére l'Humilité comme un bienfait.


~ ~ ~

Face au désastre et sous le désespoir que communique Lady Hanaï, les Leaders du Politacle Tantale ne peuvent que constater la naissance du mal croître de l'autre côté du no man's land, au dessus d'un sas. Qu'en est-il de ce Politacle ? De la Force Rebelle ? Renégats-nihilistes et révolutionnaires, nous entendez-vous appeler espoir ?

Arx Musica

Presque tous les membres du nouveau gouvernement sont présents dans la salle de réunion.
Deux sièges vides attendent l'Alte Nobilis Jérôme Silenkaï et le Legatus Zlatows Laszlo.

La déléguée des STV tape en rythme sur la table à l'aide de quelques doigts, avec son habituelle désinvolture. Tournant finalement la tête pour regarder son collègue du DCN, ce dernier se contente de hocher vivement de la tête avant d'aviser la main féminine.
Elle comprend de suite et croise les bras pour réprimer son envie de tuer le temps grâce à ses phalanges.
A leurs côtés, le DI de la Prison et le DI de la DAI discutent à voix basse, semblant se mettre d'accord sur des dotations pour de l'achat d'équipement chez Luxignis.

L'humaine gigote un peu avant de regarder son terminal portable; CH20.14.
"Inutile de vous impatienter, Kalliope."
Le DI du DCN revêt sa réponse d'une once de réprobation, son ton de voix marqué par des années en tant que propagandiste sonne comme un rappel à l'ordre.
Après un soupire sa collègue réplique avec une pointe d'agacement:
"Inutile de vous répéter, Priam."
Mais le Lord n'aura pas le loisir de répliquer, les portes de la salle de réunion s'ouvrent.
Zlatows Laszlo et Jérôme Silenkaï s'engouffrent dans la salle suivis de quatre gardes habillés d'une cape du même ton que leurs habits; un noir mortuaire. Le ton était donné.
Les quatre délégués se lèvent immédiatement, le reste suivant dans un battement de cil.
Le silence s'étire dans l'air durant quelques secondes, le Legatus laisse les gardes refermer les portes avant de s'adresser aux présents de sa voix basse et calme:
"Ave. Ladies, Lords, Delegatī Imperii et honorables membres de Gloriae Lucem."
Il semble hésiter puis décide de produire un semblant de rictus poli pour aller s'installer à son siège. Jérôme Silenkaï aura pris soin d'analyser les différents présents sans l'ombre d'un sourire tout en suivant le Legatus, s'installant à sa droite.
La première réunion gouvernementale du Quatrième Empire pouvait commencer.

~ ~ ~

La garde ambassadoriale avait reçu un ordre strict en ce qui concernait la protection du lieu d'habitation du Legatus: toutes les pièces leur étaient accessibles sauf sa chambre à coucher son laboratoire et sa bibliothèque personnelle.
Revenu en 310 AUC après une -trop- longue cryogénie, Zlatows avait retrouvé son manoir comme sa compagne et lui l'avaient laissés, toujours sobrement meublé, son laboratoire étant le seul endroit où transparaît une vraie richesse.

Vivant solitaire dans son habitation pendant un an, son cercle amical inexistant, sa compagne toujours en cryogénie, un dégoût pour la situation de la Cité à cette époque, tout cela ne fit que le rendre plus amer.
Il ne pouvait retourner dans les limbes glacées, le Centre de Cryogénisation lui intimait d'attendre au moins une année pour pouvoir y accéder. Aucune information sur sa femme, évidemment.
Les techniciens du Centre de Cryogénisation de l'époque étaient en sursis.
Il s'était alors lancé avec toute sa force dans Gloriae Lucem.

Son esprit divague.Tempus Fugit...
Et à quel prix ?
206AUC, l'émancipation.
Lillidjah Tchakarova, DI des STV. Theolf et Rams, gardes des STV.
La haine de l'agent 911nypd pour le robot UT-27.

Masaki Kmaschta DI de la Chambre des Lois, premières heptades en tant que Commis de la CdL.
Tout premier procès en tant que juge: Radium.
L'Ambassadeur se masse les tempes. Il avait commencé à perdre la mémoire en 316, des années entières de vie annihilées, des années 206 à 216 plus rien n'était.
Ce qui fut pas archivé en Espace Matriciel ou en livres; oublié.
Était-ce un effet secondaire d'une stase cryogénique beaucoup trop longue ?
Sa condition s'affaiblissait-elle avec son vieillissement ?
Il n'en savait rien, il ne savait rien du tout.
L'homme était en train de goûter à la peur lancinante des mémoires réduites en cendres et rien ne pouvait être fait.

Il lui fallait dire à voix haute la vérité, sa gorge se serre:
"Je n'ai plus de temps à perdre."Sa voix fait écho dans la grande bibliothèque, croyant presque entendre sa moitié lui crier d'arrêter de manger la synthé-cellulose des ouvrages, que cela allait le transformer en gros rat dégoûtant, il sourit.
Le regard de l'homme se porte sur le cadre qui trône sur son bureau:
une photographie de sa femme après leur cérémonie de mariage, de sa mémoire encore stable il se souvenait qu'elle avait damné et loué les technologies pour sa coiffure et son maquillage parfaits, son rictus tremble.

"Gabryelle..."
Ne faisant preuve d'aucune retenue, il prend le cadre et vient y déposer un baiser.

"Semper Fidelis."
Les rides aux coins de ses yeux s'humidifient alors que le cadre revient sur le bureau.
L'actuel Legatus Imperatoris expire toute sa peine avant de balayer les coulées naissantes de ses joues.

"Nous serons réunis de nouveau."
"Cette pensée me procure force et vigueur..."
Zlatows regarde son compteur PTI.

"Puisse Sa Sagesse continuer de guider mes pas."

La victoire était à eux. Toute résistance avait été écrasée. Ambre Nephis s'en était assurée. Toujours en première ligne, menant ses hommes avec ferveur. Après s'être entretenue avec l'Ambassadeur et être passée par l’hôpital afin de panser ses blessures, la Lady se dirigea vers le lieu de la première réunion officielle.

Une atmosphère grave flottait parmi les présents. Comme une tension, une excitation, de la fierté. Le sentiment qu'enfin, leur heure était venue. L'heure d'un Nouvel Empire, leur Empire, l'Empire qui s'était enfoui, endormi, enterré par des êtres décadents et ridicules.
Mademoiselle Nephis patientait, bandée par endroit, toujours vêtue de son armure de combat qui lui donnait un air très impressionnant, le casque à ses genoux et droite comme un I, elle patientait. Une oreille peu attentive écoutait les chamailleries de deux DI à sa droite. Cependant, bien que peu causant, leur discussion quelque peu immature à ses yeux l'insupportait légèrement.

" Taisez-vous dont. "

Son ton restait assez sec et froid. Elle ne leur lança pas un regard. Ambre n'était pas là pour sympathiser, peu l'importait si elle passait pour l'aigrie trop stricte. Elle était là pour servir la Cause, pas pour se faire des amis.

Ambre s'était appropriée une des places à côté des deux absents. Elle méritait cette place. Elle avait contribué majoritairement à leur victoire. Si quelqu'un devait se trouver ici, c'était bien elle.

Lady Ambre s'était remplie de fierté il y a un moment déjà. Se savoir demandée par l'Ambassadeur lui-même pour des conseils gonflait son orgueil au plus haut point. Où étaient-ils maintenant, ceux qui s'étaient moqués d'elle ? Écrasés sous sa semelle, tous, sans exception.

Le duo de tête fit son entrée. Les jambes de l'humaine se déplièrent aussitôt pour les accueillir. Bien que son mollet lui faisait souffrir, percuté par une balle, elle se tenait digne, le menton haut, afin d'écouter Zlatows. Elle baissa respectueusement la tête et pris à nouveau place sur son siège une fois tout deux installés.

"Ave."

Ces rats.. Maudits rats.. Ces enfants immondes vont enfin goûter à la mort.. Dans les hauteurs du 4e Empire, le vieux Honorabilis se tenait sur ses jambes solides, mains croisées derrière son dos. Les doigts de l'une masse la paume de l'autre laissant entendre le froissement sec de sa peau. Un cigare coincé entre ses lèvres envahi les alentours. Son regard fixe le travers de la vitre qui le sépare d'un panorama. Il se sent déjà dans la peau du Legat de toute une légion d'agents. La DI2RCO ne connaît pas encore son siège, en réalité seul 911 le connaît, il s'agit de lui même. Son communicateur est débordé de requêtes, son deck personnel transporté dans une serviette est inondé de rapports concernant : les dires de l'Ambassadeur, ses actions, le passif des membres du gouvernement, Jérôme Silenkaï en tête du Haut - Conseil.

Alors que le centenaire aux allures maudites maugréé devant une parcelle de ville ruinée par les éclats de mortier et fusées, il admire les quelques patrouilles qui se rythment. Un agent s'approche de lui, une silhouette rangée dans un trench-coat et un borsalino en feutre noir. Une cigarette fleure d'Empire accrochée aux lèvres et un sourire vicieux lorsqu'il s'apprête à conspirer avec le Maître du Nexus.

Directeur. Lady Litza est enfermée au Silo D du complexe Silentium. L'agent lève sa main gantée qui effleure sa joue déjà mal rasée et habillée d'un poil d'une heptade. Il en vient à pincer le mégot de sa cigarette, la séparant de sa bouche aux mots mauvais ; laissant apercevoir un filet grumeleux de fumée s'évaporer. L'homme s'épaule ensuite, crachant tout le reste du nuage de vanité vers ses pompes, dans l'attente d'une réaction du Sénile.

Monsieur Voleg, va-t-elle subir la batterie de folies prévue ? Sans se séparer de sa vitre, le Darcombe crache son dédain froid.

Je le pense bien, elle sera sous la responsabilité de Lady Docteure.

Donc du Silenkaï ? Il a intérêt à bien faire, sinon il m'aura à sa botte. 911 penche à peine la tête vers l'agent Voleg qu'il considère à peine, ses orbes sombres ne se perdent que sur la texture de son Borsalino. Il va nous falloir retrouver Hanaï avant l'Inquisition et la Nephis. Ne perdez pas de temps, votre Borsalino pourrait bien m'aller.

L'agent tourne les talents après un bref hoquet, pinçant la lisière de son Borsalino tant pour saluer le directeur que le garder en sa possession. Et cartapus, le voilà disparu et en opération. 911 revient à la ville qu'il regardait du même regard un demi siècle en arrière, la vue et la pensée si différente. Il étire un fin sourire, narquois, cette méchanceté perverse.

Silenkaï, n'oubliez pas cher ami que je demeure votre parent. Vous ne pourrirez pas l'Empire.



Ayant bien reçu la notification de convocation, il constate et se nourrit de la bonne augure d'une telle réunion imposée. Le gouvernement en place, il allait alors découvrir les mêmes tempes qu'il avait observer suer la veille de l'Opération Gloriae Lucem. Sorti de sa vieille villa, emmitouflé dans un vieux trench-coat au collet remonté, il arpente les rues, la carrure imposante et le regard assassin vers certains individus, glacé jusqu'à l'os à l'écoute d'une méta-race s'adresser à lui, lui tirant une supplique d'aide, il préfère l'écraser à même le sol d'un coup de talon loger contre le front. Retard en conséquence, il se dépêche, rattrapé par un torrent de pluie légèrement acerbe. Il entre dans le Palais Impérial, montrant d'un regard et d'un geste sa plaque d'agent de la DI2RCO datant de la seconde ère, vieux souvenir, dont les gardes anciennement miliciens n'en comprennent pas la valeur. 911 ajuste son collet qu'il met aux normes, ouvrant sa parka tout en s'approchant de la table de réunion. Il ôte celui - ci, l'accrochant au porte manteau associé à l'effet. Il se présentera en costume bien serré et centré sur ses larges épaules, la corpulence correcte et bien entretenue. Il ne prendra dans les poches intérieurs de son par-dessus, que les outils le permettant une bonne réunion : un étuis à lunette, une boite de cigare et un vieux briquet sans intérêt. Revenant vers la table, il l'a contourne s'installant non loin de Kalliope, gardant un regard sur Ambre et le clan de Reifh. 911 ouvre son étuis qui ne protégeait que ses lunettes de recteur qu'il pose sur son nez, ouvrant sa boite de cigare venant en accrocher un à ses lèvres qu'il allume sitôt-fait sans attendre.

A l'entée du duo, il observera clairement bien leur démarche, leur parole et l'attitude qu'ils prendront. En tant que Maître de la Police politique, il ne laissera rien passer. Pour l'Empire, il lève son séant, droit comme un pilier du Palais, il salue l'entrée des deux humains, soupirant une locution claire.

Semper Fidelis.

En ce début de soirée, la jeune femme s'engouffre dans un bureau au haut concentré de technologie en soupirant fortement, cintrée dans une blouse blanche qui fut immaculée quelques cycles-minutaires plus tôt.

Cernée par quatre murs aux épaisses vitre sans teint, l'endroit semble aseptisé. De lourds panneau horizontaux mêlant écrans et touches aux couleurs primaires ou noires flanquent eux aussi les murs. Au centre, son bureau d'un bois luxueux semble lui aussi trafiqué pour camoufler un panneau où s'alignent une série numérotée de boutons soutenus par l'emplacement vide d'une clef.

La vitre Nord rend compte des travaux en ingénierie réalisés dans ces laboratoires, des techniciens accourant ça et là. La vitre Sud, expose quant à elle les processus chimiques en cours d'analyse. Sur le mur au fond de chaque zones s'amoncellent des informations en gros caractères, sans doute des objectifs à atteindre.

Gants d'examen ensanglantés qu'elle expédie de manière radicale dans l'incinérateur prévu à cet effet, Lilliroze s'empresse d'aller lorgner quelques écrans en marmonnant.

La brune s'immobilise en fronçant fortement les sourcils, constatant que les données attendues n'apparaissent pas. Dans la milliseconde qui suit son index part écraser un bouton situé à l'angle inférieur de son bureau pour laisser sa voix fuser froidement dans des hauts-parleurs.

"Ocus, Pocus ! Dans mon bureau, immédiatement."

Un bruit de cavalcade se laisse ourdir dans l'enceinte sécurisée jusqu'à parvenir aux oreilles de la femme. Un nouveau bouton pressé que la porte s'ouvre avant même que les convoqués pénètrent le bureau et laisse entrer deux hommes aux similitudes frappantes.

Ces derniers, de corpulence et stature moyenne, s'inclinent à peine devant la brune qu'elle inspire déjà pour prendre la parole.

"Ocus, j'attends toujours le rapport sur les dégâts causés aux armures des membres du projet EM4. Je vous place un cycle à l'épuration. Chaque cyclo-minute de retard supplémentaire et j'en rajoute un de plus."

Elle observe avec satisfaction le premier homme pâlir nettement, une pellicule de sueur venant à maculer sa lèvre supérieure, avant de poursuivre.

"Pocus, passez les projets 13, 23 et 33 en phase deux. Débarrassez-vous des phases une, même en cours."

Une fois les deux hommes partis, Lilliroze s'enfonce dans son fauteuil en balayant la salle d'un regard satisfait. Un bref sourire vient à orner son visage quand elle souffle quelques mots pour elle-même. Tu tiens le bon bout Saparniiazova... Il serait fier. Quelques instants plus tard, elle quitte le bureau une fois changée pour gagner le lieu de la convocation. Arrivant quasiment pile à l'heure.



Lilliroze pénètre dans le hall de l'Ambassade, s'immobilisant un court instant sur le seuil pour ajuster sa frange et son carré stricte. Elle reprend la marche en ôtant son Anapurnol luxueux, talons claquant sur le sol pour gagner la table de Hoblet.

Entrant dans la salle, elle avisa les membres déjà présents de ses billes noires, l'expression d'une froide neutralité. Une inclination du chef plus tard, elle se décida à prendre place autour de la table. Proche de Taipan.

"Salve Ladies, Lords."

Saparniiazova prit le parti de sortir sa tablette Silmerion, la plaça en bord de table pour y pianoter du bout des doigts, l'implant neural fourmillant d'informations et autres joyeusetés. Après tout, se détacher des autres était sa spécialité.

A l'arrivée de l'Ambassadeur, par respect, elle releva toutefois les mains pour se placer dans une attitude d'écoute.

Arx Musica

Les participants de la première réunion du Quatrième Empire reprennent leurs places assises.
Le nouveau Legatus prend le temps d'observer chaque faciès, sans se décrocher de son rictus, ce n'est que lorsqu'il achève son tour de rotonde qu'il enjoint le sérieux de son faciès de reprendre place, l'avenant s'efface sous les traits du politicien :
"Je ne perdrai pas de temps : certains d'entre-vous ont déjà reçus des instructions, notamment les délégués."
L'inclinaison polie de sa tête file à l'adresse des quatre premiers arrivés et d'Ambre Nephis.
"Je me dois cependant de les répéter à voix haute..."
"Par respect pour les autres membres de cette assemblée, qui participent à la reconstruction de Son Empire mais qui n'ont pas d'idées précises de la suite."
Le membres de Gloriae Lucem étaient soudés et déterminés mais le groupe comportait tout de même des éléments plus faibles, l'Empire se devait de posséder des éléments gouvernementaux forts, capables de mener à bien le nouveau régime.
Zlatows savait que la surveillance totale ne donnait rien, qu'il était impossible de punir le moindre écart et que ne rien faire revenait à répéter les erreurs du passé.
L'ego des individus, ceux voulant se racheter une conduite, ceux cherchant l'argent facile ou la gloire éternelle; autant de leviers dont il fallait se servir.
Il ne montera pas ses pairs les uns contre les autres mais l'idée même de l'échec ou du travail grossier ne les rendra que plus honteux lors des réunions, l'ostracisme serait alors inévitable.

"Je vais commencer par le point névralgique, efforts conjoints entre chaque Organisation Impériale :
la reconstruction de la ville et de ses infrastructures."

"La Lady Lieutenant-Générale Ambre Nephis sera chargée du maintien de la Pax Publica et des pacifications actives; la loi martiale sera effective pour une durée de deux heptades."

"Délégué Asef Taipan, vous continuerez votre collaboration comme vous le faites déjà, la Prison Impériale est entre vos mains et je sais que vous serez irréprochable."

"Délégué Priam Honeus, le DCN est un organe essentiel, le contrôle des systèmes de communications servira à rassurer la population en ces temps d'après-guerre... A ce sujet, que pouvez-vous nous communiquer sur l'efficacité des dernières publications ?"
Le délégué observe un échange matriciel interne à son organisation, son deck s'actualise et la page n'est plus visible. Il répond rapidement à l'ambassadeur.

"Je peux dors et déjà vous affirmer que la population n'est pas encline à de nouveaux discours mais préférera, à juste titre, des actions et par dessus tout : des résultats, Ambassadeur."
"Parfait, Lord. Nous allons rendre justice aux véritables habitants de Sa Cité."
"N'oubliez pas, ce sont nos actions qui définiront la portée de notre pouvoir."
"Continuez de sculpter l'image médiatique du Quatrième Empire, n'hésitez pas à utiliser tout les outils à votre disposition."

"Délégué Isaac Reifh, vous aurez un rôle primordial : l'économie sectorielle doit reprendre au plus vite, vous prendrez contact avec les PDG des différentes corporations pour leur faire part de nos recommandations..."
"N'oubliez cependant pas Luxignis, ils ont été nos armateurs."

"Première Consule Flaxia. Vous avez déjà reçue quelques-unes de nos propositions, je vous laisse le soin de trier celles qui seront le plus à même d'être légiférée au plus vite."
"Il est capital de faire oublier les calamités juridiques de l'ancienne Ambassade; la Loi est le garant de l'Ordre."

"Déléguée Kalliope Mordeyn, vous aurez, je pense, le rôle le plus important de tous : vous devrez réparer les dommages aux différents bâtiments dans toute la Cité, vous reconstruirez les infrastructures détruites, Haute-Ville, Basse-Ville, gouvernement, civil ou corporation, aucune distinction ; Son Secteur, dans sa totalité, sera réparé, rebâti, grâce à vous et vos équipes."
Quelques regards fondent sur la jeune femme, elle a l'air quelque peu circonspecte... Ou est-ce de l'appréhension ?

Le Legatus venait là de désigner la première personne qui devait faire ses preuves.
La déléguée n'a que peu de connaissances des Services Techniques de la Ville, elle aime le luxe et sa tendance à l'oisiveté est connue de tous, ce n'est que par des coups digne d'un cyber-polar qu'elle a décrochée le poste de DI des STV, elle n'y resta pas très longtemps après la découverte de sa supercherie sous le gouvernement de Litza.
Choisie par défaut, ayant été la dernière en poste, elle le sait convoité par des individus bien plus compétents qu'elle. Kalliope est bloquée mais sa fierté l'emportera.
"Je ferrai de mon mieux, Ambassadeur."
La réponse du nouveau dirigeant n'est pas menaçante, tout juste précise-t-il un point de contrat.
"Ne vous méprenez pas, déléguée : ce sont nos obligations, nous n'avons guère le choix."

~ ~ ~


La garde ambassadoriale finit de prendre position avant que le légat ne puisse entrer.
Communicateur dernier-cri dans la main gauche, Zlatows fulmine.
Un énième entretien, plutôt décevant, sur les capacités du complexe militaro-industriel impérial.
C'était alors au tour de son communicateur d'achever sa dernière once de patience, son passé d'ingénieur le faisait maudire faiblesses techniques et technologiques.

"Thibald, laissez deux gardes ici, je dois vérifier ce communicateur dans mon laboratoire."
"Menez le reste de la garde dans le salon, pour vous sustenter un peu."
Une inclinaison du buste suivi d'un mouvement de la main et deux gardes viennent se ranger aux côtés de la porte blindée menant au laboratoire. Les autres suivent les pas du Dux Praetoria Custodes vers le sud, la grande salle servant de salon.
L'ambassadeur salue les deux prétoriens au garde-à-vous avant de s'engouffrer dans la première aile de son laboratoire, dédiée à l'ingénierie et à la mécanique. Il ne s'y attarde pas, traversant la salle pour arriver à la deuxième porte blindée, elle mène à l'aile dédiée à l'informatique et à la matrice.


C'était étrange : le problème est résolu en trois cycles minutaires, à l'aide d'un diagnostic système automatisé. Pour le coup l'ancien ingénieur se demandait s'il ne s'agissait pas d'une blague, tant la perte de temps de ces quelques CM était incongrue face au Temps qui s'écoule, inlassablement. Et l'Empereur seul sait qu'il commençait à en manquer ; 24 cycles horaires n'étaient plus suffisants au vu des nécessités qui s'imposaient chaque jour.
Il effectue le chemin en sens inverse, ayant au moins profité de ces quelques CM pour recouvrer sa patience de sage.

Mais la sagesse ne supplante pas la peur.

Au départ l'homme ne se rendait pas compte de la situation, il avait effectué quelques pas vers la porte menant au salon, c'est l'absence du bruit des bottes qui le fait se retourner vers les deux gardes. Ses yeux écarquillés précèdent alors sa main droite, extrayant l'épée énergétique de son fourreau.

"Par les deux Frater."
Il n'alla pas immédiatement vérifier l'état des deux gardes, préférant directement s'engouffrer dans le salon, l'adrénaline en ses veines.
La vision des corps inanimés le tétanise durant quelques instants. Se précipitant sur le garde le plus proche, il fut à la fois soulagé et surpris : il était vivant, ils l'étaient tous.
C'était un spectacle dont il n'avait eu que des échos, des histoires de gaz paralysants ou soporifiques qui pouvaient neutraliser sans blesser.
Son esprit s'affute pour observer les autres éléments de la pièce.
L'air empli d'électricité statique trahissait une attaque technologique notable.

Quelqu'un ou quelque chose venait de mettre hors d'état de nuire l'équipe de combattants émérites de l'Empire, sans même lui laisser temps de réagir.

Un silence absolu régnait dans le logement, jusqu'à ce qu'un bruit habituellement si anodin, si insignifiant, ne vienne voler toute l'attention du Chef d'État : le froissement d'une page que l'on tourne. L'étreinte sur son épée se fait plus forte.

L'intrus se situait dans la bibliothèque, il ne se cachait pas.
Après quelques secondes, le legatus s'y précipite, la silhouette était là, debout, presque nonchalamment installée à côté de son bureau.
Un flux guttural invective l'ombre.

"Quis aduenit ?" ("Qui est là ?")

La dite silhouette tient son livre d'une main, l'autre allant dans une poche. Malgré l'obscurité, l'on devine les traits généraux. Une taille moyenne, couronnée de cheveux blancs purs, la peau grise titane légèrement teintée de rouge Impérial, un étrange manteau drape l'intrus. L'on ne peut deviner là où les vêtements s'arrêtent et le corps débute, s'il y a bien différence. Il semble l'épicentre de l'électronisation de l'air ambiant.

On dirait carrément la description d'une Humanité synthétisée pouvant arriver dans plusieurs siècles au minimum, selon les scientifiques. Pas une machine, pas un répliquant, mais un prolongement évolutif de la race humaine vers l'avant, un futur macabre. Après que l'ouvrage ne se fasse fermer d'un claquement, une voix ressemblant plus à une légère brise répond.

"Sum diabolus. Vos cum eo foedus pacti estis." ("Le Diable avec lequel vous avez pactisé.")

Assit aux côtés du référent officiellement nommé, appuyé par le DCN et l'assise applaudit par les corps militaires, la raison de continuer s'était affirmée manu militari, aujourd'hui le sort d'un dogme et toute l'idéologie repose en cette table très vaste. A certains coins reposent, s'accoudent, les représentants des Organisations Impériales, désormais sous le couvert de l'Ambassade, surveillée par l'analytique conservatrice et autoritaire du Legatus.
A sa gauche, bras croisés sur la table du côté des conférenciers, Jérôme reste silencieux, observant l'assemblée heureuse et obligée élue, les partisans retrouvés. La scène du directoire se jouait correctement, l'enceinte était sauvegardée par une garde lourdement armée et répressive à la moindre fluctuation.
Lady Lieutenant Générale s'était appliquée à ce que tout se déroule selon l'envie du Référent.

Pendant que Zlatows exposait les lignes principales qui devaient refléter les résultats, Jérôme dépliait ses bras pour allumer son lyria et pianoter dessus, expédiant d'ores et déjà quelques messages, visiblement pas très intimes puisque le regard de l'Ambassadeur pouvait couler sur l'écran-hologramme.

Le Haut-Dignitaire maintenait silence, ce soir n'était pas le sien, sa propre audience il préférerait l'exprimer au sein d'un autre Hôtel moins connu, moins gardé et avec une assistance de personnalités exclusives, d'ailleurs il semblait déjà les viser du regard. Sa pupille sinople s'installait sur 911, puis Lillirose et peut être un autre ; se devait-il d'inviter son confrère de l'Ambassade ou le laisser à ses emplettes ?

La pogne aux veines qui les serpentait se dressait doucement avec une langueur prononcée, monotone, caressant doucement ses joues habillées d'un poil grisâtre, il songeait et plongeait volontairement dans son ménage cérébral, définitivement, cette soirée n'était pas la sienne ; pas encore.




Le visage anthracite, l'Humain s'aventure seul dans ses songes au travers des méandres technologiques de l'Hadès. L'étroite planche s'étend sur quelques mètres au dessus d'un vide cosmique, cette rampe bleutée épouse une alcôve dont le centre est ébloui par une source de lumière. Jérôme avance à cadence modérée, lentement, alors que cette nuance azurée lui rappelle la perfection qu'il a connu autre fois, un fleurissant amour. La bague de mariage encerclant le majeur de sa main mécanisée qu'il triture en glissant ses digitales sur l'or imité. Il repense au visage qu'il aura chéri, détaillé, enveloppé et adulé les joues plumées. Rien n'était plus doux que ces joues, malicieuses tout comme amoureuses qui abritaient très souvent le rose de sa peau. L'Homme reste tête baissée, immobile, ses semelles droites, la posture en pause sur ce passé si difficile à brasser. Ce bleu.. Aujourd'hui pour des raisons scellées sous le sceau du secret Nupseï-Silenkaï, Jérôme aime une I.A avec la même fièvre qu'au premier soir.

Une petite brise caresse le bout du nez cartilagineux du Dignitaire le faisant se redresser et pivoter la tête vers l'arrière un instant et de continuer à marcher, le regard venant se fixer à l'alcôve abritant un terminal holographique. Au centre de la petite bulle, il est rejoint par la Lady Docteure, qu'il attendait très certainement, les mains superposées au niveau de ses reins. Il reste droit sans même incliner de la tête, il considère la personne scientifique, fonctionnaire de ses idées conservatrices, autoritaires et technocrates.

Ave Lady.

Un fin souffle s'échappe des lèvres fines et dénuées de toute beauté, un souffle glacial, empathique, et le faciès qui s'habille parfaitement avec le strict. Il a face à lui une femme qu'il considère particulièrement, elle représente l'archétype même de la passionnée des sciences s'étant enlisée dans une époque difficile, dans un Empire détruit idéologiquement et ... Finalement emprisonnée dans l'obligation de faire plutôt que de refuser et subir le revers de la débauche. Il connaissait Lillirose depuis une paire d'année, à l'époque où il dirigeait le Cercle de l'Orient durant un second mandat, alors qu'il était vautour. Ils s'étaient rejoint sur des aspects de la politique et du courant dans lequel l'Empire sombrait. Aujourd'hui, porteur du ban du Quatrième Empire et Gardien du Sapienta Custos, il se doit au sein de cet Engeance Technologique de confier à la Lady Docteure, quelques savoirs classés secrets.
Et ce pendant que Lord Zlatows transpirait sous les demandes d'éclaircissements de certains pairs.

Jérôme recule légèrement pour se positionner sur une partie du bulbe technologique abritant le terminal, levant et présentant sa paume face à lui, de l'autre côté du faisceau de lumière. Il invite la brune à le considérer, lui et les futures images et documents qui vont s'afficher sous leurs orbes. Le Haut-Conseiller pianote sur le clavier digitalisé, cueillant les données enfouies sous des amas de dossiers classés avant de reprendre la parole cette fois-ci de manière plus régulière et prompt.

Je vais vous confier quelques travaux, je veux des résultats pertinents. Et vous me les donnerez, est-ce clair ?

Comment en si peu d'heptades les séparatistes de l'Ordre ont pu investir déjà les documents aux cachets enterrés dans les archives impériales dont les seuls dérogés sont les Nobles, les Saints chercheurs et les amis des amis des ex-Ladies du Pouvoir. L'alliance avec le Comte, l'action des pirates matriciels, des cyber-combattant et autres "cy"-choses. Un pacte passé avec le diable dont le Zlatows s'est avancé, donnant de sa personne au risque d'y perdre bien plus que de la particule et l'honneur ; sa présence. Jérôme reste infecté par une pression qui grandit et souffle dans sa nuque, des petits picotements, différents de ceux de l'APM, il s'agit de la brise froide des lieux qui caresse sa nuque pétillante de sueur. Et pourtant, le regard froid, il fusille la Docteure, la menaçant déjà de subir bien pire qu'un Damnatio Memoriae, de vivre les coulisses de la déchéance.

Le briefing de leur entreprise s'arrête, il devient déjà flou entre les tempes du vieil homme calciné par les années, aurait-il mieux fait de respecter la bonne terminaison vautoure, aujourd'hui, le voici acculé, seul après avoir laissé le bout de femme se retirer de l'Hadès et retrouver ses devoirs.

Parce qu'il le faut..